Cette installation est à placer au cœur de ce qu’elle appelle ses ''mécanismes de réanimation''. Elle se présente comme une machine, sorte de roue de gouvernail animé, fait de circuits électroniques, de soufflerie, de cames qui animent le mouvement. Ce ballet mécanique sert à conférer un mouvement à une grande roue sur laquelle est collée une bande faite d’images qui se fondent les unes dans les autres, des paysages allant du sous-sol à l’espace intergalactique. Cette roue et cette bande d’images sont traversées par un faisceau lumineux, qui projette les images sur un écran circulaire, au mur. Ainsi défile une sorte d’aventure à travers le temps et l’espace. Or, cette odyssée est habitée. Sur l’écran, une figurine à l’effigie de l’artiste – un autoportrait – est accrochée au mur, sur un ressort, qui fait qu’elle semble flotter dans le vide. Animée de plus par la soufflerie de l’appareil, elle est actionnée par un petit mouvement vibratoire, comme si elle naviguait, ou encore comme si elle était livrée à un voyage astral, touchant ainsi les cordes du surnaturel. De façon encore plus convaincante, cette œuvre donne un supplément d’âme aux machines déjà produites par l’artiste. Outre le cinéma, ces œuvres, dont La Traversée évoquent également les automates et les spectacles d’ombres des siècles précédents. Mais c’est bien de technologies de vision d’aujourd’hui dont nous parle cette œuvre, de façon inouïe, à l’effet que des distances peuvent être parcourues en faisant du sur place, avec des technologies pourtant bien dépassées. Ce n’est là qu’un des tours de force de cette œuvre.