L’art d’Eddy Firmin est le fruit d’une dynamique migratoire, aux croisements de sa culture caribéenne et d’une histoire marquée par l’esclavage de ses ancêtres. Originaire de la Guadeloupe, résidant maintenant au Québec, Firmin aborde par le moulage de ses propres traits la question de la sédimentation des identités. Par le détournement des marques de commerce, il introduit entre autres le capitalisme comme nouvelle force colonisatrice. Mais ici, la fleur de lys désigne autant le motif dont les esclaves punis étaient marqués au fer rouge sous le régime français que le symbole de la terre d’accueil de l’artiste. Deux des masques présentent plusieurs orifices, autant d’yeux qui montrent qu’on ne peut tromper la vigilance de ces visages aux multiples identités. Le pictogramme faisant office de titre correspond à un code artistique. Ce dernier témoigne d’un alphabet émotionnel affranchi des classifications courantes et dominantes.